"Mais là n'est pas le pire"
Le procédé est simple.
Dis à toute une population, pendant des années, et des années, qu’elle doit avoir peur. Dis lui que ses problèmes, ont une seule et unique cause : les autres. Dis le lui par les écrits, par les images, par les discours. Même si elle n’a pas de problèmes, elle y croira. Parce que c’est simple. Dis lui, mais ne lui explique jamais rien. Dis lui ce qu’elle veut bien entendre, quitte à faire du mal. C’est la faute des autres.
« C’est pas moi, c’est les autres ».
Ces autres, n’y vois pas des êtres humains, vois y des autres. Joue avec leurs noms, triche avec leurs vérités, ne conte pas leur passé. Fais croire à ces autres que tu as raison, que c’est une évidence. Fais leur croire par les écrits, par les images, par les discours. Mais surtout, fais leur croire par ton regard. Par le regard de celle à qui tu dis que « c’est les autres ». Ils ne le croiront pas tous. Mais c’est trop tard. Le reste du monde le croit, lui.
Et tu deviens un autre pour ces autres.
Ils ne se reconnaissent pas en toi, c’est impossible. Quels intérêts t’ont guidés ? Certainement pas les leurs. Rancœur, colère, honte parfois. Les autres ne sont plus dupes. Celle à qui tu dis que « c’est les autres » ne voit pas dans ton jeu.
Puis naît la peur.
La peur du lâche. Dis à toute une population, pendant des années et des années, qu’elle doit avoir peur. Dis lui, mais ne lui explique jamais rien. Ne te sens jamais responsable de quoi que ce soit. Et plains toi. Plains toi.